3 novembre 2011

Excuses et confession


Bonjour fidèles lecteurs, fidèles lectrices. Je souhaite m'excuser de cette absence prolongée. Je ne pensais pas que mon travail serait aussi prenant, captivant et épuisant. En effet, j'ai enfin effectué le stage de mes rêves dans une unité de cancérologie pédiatrique. Un lieu où reigne joie, peine, guérison et mort. 

Je me suis complètement immergée dans ce drôle d'univers, au point où j'en ressortais vidée de toute mon énergie, et dans l'incapacité de faire quoique ce soit d'autres à part dormir. La lecture a été relayée à un second plan, et cela fait un petit moment que je n'ai pas touché les pages d'un livre. Mais cela va changer, je vais m'y remettre car cela me manque énormément. 

Je voudrais partager avec vous une expérience douloureuse que j'ai vécu au travail et dont j'ai encore un peu de mal à me remettre. Je savais qu'en travaillant avec des enfants atteints d'une patologie aussi grave que le cancer, j'allais être confrontée à la mort. Je pensais être prête à affronter ce moment, mais en fait, on est jamais prêt...

Ma toute première nuit de travail je l'ai passée au chevet d'un enfant mourrant. Enfant que j'avais vu plus ou moins en forme quelques semaines auparavant, avec qui j'avais rigolé, joué. Naïvement, je pensais que la maladie préserverait l'intégrité du corps d'un enfant, et bien ce n'est pas le cas. Je ne l'aurai pas reconnu, tout déformé qu'il était par la maladie qui le rongeait. Premier choc pour moi. 

L'infirmière, l'auxilliaire de puericulture et moi-même sommes restées au chevet de cet enfant, soutenant cette maman qui faisait preuve d'une force qui m'impressionne encore. Nous nous sommes relayées, pour lui tenir la main, lui essuyer le visage, discuter avec la maman. 

C'est au petit matin, qu'il s'est un peu réveillé, pour dire au revoir à sa mère, et partir rejoindre la multitude d'étoiles qui peuplent notre ciel. Et là je n'ai plus eu de repères. Voir le corps sans vie d'un enfant est quelque chose de terrible, il n'y a plus rien de logique, de normal. Tous les repères tombent. Lire une telle souffrance qu'aucuns mots ne pourraient définir, sur le visage d'une maman ne devrait pas être permis. J'admire cette femme, qui est restée si forte, et n'a versé aucunes larmes sur le corps de son fils, comme celui-ci le lui avait demandé. Alors que moi, j'étais en pleurs dans le couloir. 

Voilà une semaine qu'il nous a quitté, et pourtant, son rire résonne toujours dans mon oreille. En tant que professionnelle de santé, je sais que ça ne devrait pas être le cas, je devrais savoir prendre mes distances, mais ce n'est pas chose facile. 

Merci d'avoir lu ces quelques lignes, je sais que ce n'est pas une belle expérience que je vous ai conté là, mais j'avais besoin de la partager avec vous. 


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